Fruits et légumes à l’Ile Maurice : Attention à ce que vous mangez !
L’Ile Maurice bénéficie d’un climat tropical tempéré, que l’on peut qualifier de parfait pour la culture des fruits et légumes, malheureusement ce que vous aurez dans votre assiette n’échappe pas tellement à la règle internationale, vous avalerez des pesticides à gogo.
La particularité de l’Ile Maurice
Je ne sais pas vraiment si c’est mieux ailleurs, la seule certitude c’est qu’en France lorsque j’ai participé au jardin potager familial on n’utilisait aucun pesticide et l’engrais correspondait au composte qui se faisait naturellement dans le jardin.
A Maurice par contre, dès mon arrivée j’ai cherché à cultiver des fruits et légumes, pour deux raisons, le plaisir de manger ses propres fruits et légumes, ainsi que le coût relativement élevé de ces produits pour une qualité que je trouve bien souvent médiocre.
En commençant cette culture j’ai été confronté à un premier problème, la qualité du sol, rocheux, sableux, il y en avait pour tous les goûts, n’étant pas chez moi, mais dans une location, il était difficile de me projeter sur du très long terme et donc d’investir pour que le sol devienne de très bonne qualité, j’ai donc fait avec les moyens du bord, un arrosage important, quelques sacs de terre sur les rangées où j’ai semé et planté. Pas suffisant pour du long terme, mais cohérent dans l’immédiat.
Il existe par contre de très nombreuses terres de qualité, idéal pour planter, mais le concept d’avoir un jardin très éloigné de mon domicile ne m’a jamais vraiment parlé et puis le vol de fruits et légumes est très courant à Maurice.
Le second problème auquel j’ai été confronté très rapidement ce sont les maladies et les insectes en tout genre, ruinant complètement mon travail.
Une vision collective orientée vers le traitement par les pesticides
Il s’avère que mon voisin, travaillait pour le ministère de l’agriculture et qu’il semblait bien connaître son affaire, sa réponse a été catégorique, il faut traiter avec un cocktail de 3 produits tous les 8 à 10 jours pour obtenir des résultats. J’ai demandé si une autre solution existait, selon lui, non.
J’ai eu par la suite l’opportunité d’en discuter avec un agriculteur, plutôt spécialisé dans la canne à sucre, mais qui avait quand même quelques parcelles de légumes, sa réponse a été la même et lorsque je lui ai parlé de bio, il m’a répondu que la culture bio fonctionnait pas, car comme tout le monde traite, toutes les maladies et les insectes vont sur la culture bio. J’ai gobé cette déclaration qui est en réalité totalement fausse.
J’ai continué tant bien que mal mon pseudo jardin sans le traité et il est vrai que la récolte a été plutôt mauvaise, mais en soit ce n’est pas grave c’était plaisant.
Plus tard j’ai déménagé et je me suis pris d’amour pour les piments, j’ai commandé des graines de nombreuses variétés de piments (attention c’est illégal d’introduire des graines ou végétaux à Maurice, donc à vos risques et périls…) Et là rebelote, tous mes plants de piments souffraient. Le propriétaire de la maison que j’occupais était un planteur, spécialisé dans les légumes, il m’a donc proposé de m’apporter la solution pour obtenir des plantes en parfaite santé.
Dépité j’ai accepté son aide, il est donc arrivé avec un cocktail explosif constitué de pas moins de 7 produits chimiques pour éradiquer toutes les maladies et toutes les saloperies du secteur. Il est évident que le résultat a été à la hauteur de mes espérances, en 15 jours à peine, les plants malades produisaient de nouvelles branches avec de belles feuilles « saines ».
Sur ses recommandations j’ai appliqué sa potion magique tous les 10/12 jours jusqu’à épuisement de la mixture.
Ne souhaitant pas abusé de sa bonté, je lui ai demandé de me donner la liste des produits pour que j’achète directement le tout et que je me débrouille.
En achetant l’ensemble quelle n’a pas été ma surprise lorsque j’ai lu les consignes d’utilisation ! Le surdosage hallucinant de traitements, le temps nécessaire pendant lequel il ne faut pas consommer les produits après un traitement, qui diffère en fonction des légumes ou des fruits.
Un empoisonnement massif conscient ou inconscient
Bref ce jour-là, j’ai compris que non seulement je m’empoisonnais mais qu’en plus tous les fruits et légumes présent sur les étals bénéficient de ce traitement de faveur dès l’instant où ils sont issus de l’agriculture intensive. Car les planteurs n’ont pas le temps de se soucier de ce qui est écrit sur l’étiquette au dos du flacon de poison, ils n’attendent pas non plus 10 jours entre le traitement et la revente, parfois c’est traité le soir, récolté le lendemain matin pour les légumes qui sont mûrs et dans votre assiette le soir même ou le surlendemain !
On mange donc du poison à longueur de journée. Malheureusement ce n’est pas tellement mieux du côté de la viande, où les poulets atteignent leur poids adulte en 45 jours, grâce à des hormones et des antibiotiques…. Et il semble que le taux de mercure dans une grande majorité des poissons ferait frémir nos thermomètres….
Depuis quelques années plusieurs quotidiens Mauriciens ont alerté le grand public, les réactions ont été vives, mais au final je vois peu de changement. Le gouvernement met en place des alternatives pour une culture plus raisonnée et bio, mais le chemin sera très long car il faut produire vite et la tentation de régler ça à grand coup de pesticides n’est jamais très loin.
Personnellement, je me suis fait la promesse que le jour où j’aurai un vrai lopin de terre rien qu’à moi, je vais m’intéresser à la permaculture et ce ne sera qu’à ce moment-là que je vais de nouveau m’adonner aux plaisirs du jardinage. Si vous avez le choix, cultivez vos fruits et légumes, votre corps vous remerciera dans quelques décennies !
Vous n’avez pas d’espace pour faire un jardin ?
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais dans de très nombreux villages mauriciens, vous verrez des terrains abandonnés ou plus exactement délaissés, parfois un nid à ordure, plus souvent un nid à moustique et autres insectes tropicaux dont je raffole.
Rien ne vous empêche de prendre contact avec le propriétaire et lui demander si vous pouvez utiliser son jardin pour planter des légumes. Le bon argument c’est que ce sera entretenu gratuitement, cela valorise sa terre et cela lui évite de devoir gérer les voisins mécontents et éventuellement les amendes, car théoriquement chaque propriétaire doit entretenir son terrain pour éviter que les moustiques porteurs de nombreuses maladies se reproduisent. Signez un contrat de bail, avec une location symbolique pour une roupie, le propriétaire n’aura pas peur pour récupérer sa terre quand bon lui semble.